ARTICLE
Auteur(s) : Isabelle Aerts, Hervé Brisse*, Daniel
Orbach
Département de pédiatrie, * Département d’imagerie, Institut
Curie, Paris Les situations d’urgence ne sont pas fréquentes chez
l’enfant atteint de pathologie cancéreuse mais doivent être
néanmoins correctement repérées et gérées car elles engagent le plus
souvent le pronostic vital et fonctionnel, parfois avant même que le
diagnostic de certitude de cancer ne soit posé. Ces situations
d’urgence peuvent être liées à la pathologie tumorale et à ses
répercussions immédiates et surviennent alors le plus souvent au
diagnostic, mais peuvent aussi concerner les conséquences immédiates
des médicaments cytotoxiques (hématologiques, infectieuses,
extravasation). Les auteurs font le point sur les différentes
situations à risque vital les plus souvent rencontrées en oncologie
pédiatrique : urgences métaboliques (syndrome de lyse tumorale,
hypercalcémie, syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone
antidiurétique), hyperleucocytose maligne, anomalies de la
coagulation (thrombose, coagulation intra-vasculaire disséminée),
tumeurs thoraciques asphyxiantes, urgences neurologiques (troubles
de la conscience, compression médullaire, convulsion), chirurgicales
(orthopédique, viscérale), hypertension artérielle, et proposent une
conduite à tenir pratique adaptée à chaque situation.
Complications métaboliques
Syndrome de lyse
Il s’agit des perturbations biologiques observables à la suite de
la lyse massive et rapide de cellules cancéreuses :
hyperkaliémie, hyperuricémie, hyperphosphatémie avec hypocalcémie.
Elle est liée à la destruction cellulaire survenant parfois
spontanément en dehors de tout traitement, mais le plus souvent au
début de la chimiothérapie. Elle survient alors le plus souvent
entre le 1er et le 5e jour suivant le début de
la chimiothérapie. La libération brutale dans le sang d’ions et de
molécules d’origine intracellulaire peut être à l’origine de graves
désordres métaboliques possiblement mortels. Cette complication
s’observe dans le cadre des traitements des tumeurs à temps de
doublement rapide (renouvellement cellulaire important),
essentiellement lymphome de Burkitt et leucémie aiguë
lymphoblastique (LAL) hyperleucocytaire. Les risques principaux de
cette complication sont l’insuffisance rénale aiguë (IRA) dont les
mécanismes peuvent être multiples, et l’hyperkaliémie. Les facteurs
de risque de survenue de ces anomalies sont, en dehors de la
présence d’un lymphome de Burkitt ou d’une LAL, la taille initiale
de la tumeur, la présence d’une insuffisance rénale préexistante, le
taux de LDH circulant et l’injection concomitante de produits de
contraste iodés.
La destruction des lymphoblastes entraîne une libération dans la
circulation des déchets intracellulaires : potassium
intracellulaire, phosphore organique ou inorganique (les
lymphoblastes contiennent 4 fois plus de phosphore que les
lymphocytes normaux) et acide urique provenant de la destruction des
acides nucléiques.
Hyperuricémie
Dans ces pathologies, même si le taux sanguin d’acide urique (AU)
au diagnostic est normal, il existe une hyperuricurie se majorant
après le début du traitement. Lorsque le seuil d’excrétion tubulaire
de l’AU est dépassé, apparaît une hyperuricémie. Il existe donc une
haute clairance urinaire de l’AU, quel que soit le taux sérique. Cet
AU en excès est responsable de dépôts tubulo-interstitiels avec
obstruction tubulaire et obstruction des microvaisseaux médullaires
rénaux. La solubilité de l’AU augmente lorsque le pH urinaire
augmente expliquant l’intérêt de l’alcalinisation (à
pH = 5, limite de solubilité 150 mg/l, à
pH = 7, solubilité 2000 mg/l).
Hyperphosphatémie
Souvent décalée par rapport à l’hyperuricémie,
l’hyperphosphorémie survient en général entre le 1er et
le 5e jour suivant le début du traitement et est
responsable :
• d’une hyperphosphaturie par augmentation de la filtration
glomérulaire et diminution de la réabsorption tubulaire ;
• d’une hypocalcémie. Le produit [calcium ionisé x ions
HPO4 – ] est relativement stable. Le
risque de précipitation tubulo-interstitielle survient lorsque ce
produit dépasse 4,6 mmol/l. L’alcalinisation sanguine diminue
la fraction ionisée du calcium et majore les symptômes
d’hypocalcémie (tétanie, convulsion). En cas d’apport de calcium
inadéquat, il existe un risque de précipitation intra-tissulaire des
cristaux phophocalciques avec néphrocalcinose, voire lithiase
urinaire. Cette précipitation est majorée en milieu
alcalin ;
• l’acidose métabolique est, par ailleurs, responsable d’une
sortie de phosphore intracellulaire. Cette hyperphophorémie est
aussi fortement majorée par une IR préexistante.
Hyperkaliémie
Elle peut être très brutale et est liée à la libération du
potassium intracellulaire. Elle peut engager le pronostic vital.
L’insuffisance rénale aiguë n’est pas systématique mais
concourt à la gravité de cette complication. Elle majore l’intensité
de l’hyperkaliémie, l’hyperphosphorémie et l’hyperuricémie. Le plus
souvent, il s’agit d’une néphropathie tubulo-intersticielle par
dépôts et précipitation intratubulaire d’AU ou de cristaux
phosphocalciques [1]. La mise en route d’une hyperhydratation
alcaline et d’un traitement hypo-uricémiant permet le plus souvent
la dissolution des cristaux d’urates et la normalisation de la
fonction rénale.
Il faut cependant toujours rechercher et éliminer une cause
associée d’IRA :
• uropathie obstructive par compression tumorale,
• infiltration lymphomateuse ou leucémique des reins,
• déshydratation intravasculaire associée,
• association de médicaments néphrotoxiques (aminoside,
diurétique, produits de contraste radiologiques).
Traitement
Le traitement principal passe par la prévention dès qu’une
suspicion clinique de lymphome de Burkitt ou de LAL est faite. Celle
ci repose sur l’association d’une hyperhydratation alcaline
surveillée associée à un traitement hypo-uricémiant.
• L’hyperhydratation alcaline comportera 3 l/m2/j
de liquide associant pour 2/3 de glucosé à 5 % (sans potassium,
ni calcium) avec en Y 1/3 de bicarbonate de sodium à 1,4 %.
Cette hyperhydratation alcaline sera contrôlée pour avoir une
diurèse d’au minimum 70 % des apports intraveineux (au besoin
grâce au Furosémide-Lasilix® 0,5 mg/kg IV lente ou
au mannitol IV) et le pH urinaire sera maintenu > 7
(surveillance des bandelettes urinaires à chaque miction).
• Traitement hypo-uricémiant : inhibiteurs de l’urate
oxydase (Uricozyme® 1 amp/20 kg de poids
(maximum 3 amp) à répartir toutes les 6 à 8 heures ou
Fasturtec® -Rasburicase : 0,2 mg/kg en IVL 30’
1 × /j 5j) [2, 3] à débuter en même temps que la
chimiothérapie.
• La plupart des protocoles de chimiothérapie à risque de
syndrome de lyse comporte une chimiothérapie initiale modérée en
début de traitement (« préphase » thérapeutique) afin
d’éviter une lyse cellulaire trop importante.
• À l’heure actuelle, grâce à ces mesures préventives, les
indications d’épuration extra-rénale sont devenues rares :
K+ > 7 meq/l,
uricémie > 600 mmol/l, créatininémie > 10
fois la normale, phosphorémie > 3,2 mmol/l,
oligoanurie persistante [1].
Hypercalcémie
En oncologie pédiatrique, l’hypercalcémie est rare (0,5 %
des enfants traités) et est le plus souvent signe de métastases
osseuses ou médullaires (neuroblastome, leucémie, lymphome non
hodgkinien). Elle peut aussi être d’origine paranéoplasique
(sécrétion d’une substance PTH like : PTHrp lors des
tumeurs rhabdoïdes). L’hypercalcémie
(Ca > 2,60 mmol/l) est dangereuse en raison de ses
conséquences digestives (vomissements et constipation), rénales
(syndrome polyuro-polydipsique), neurologiques (asthénie,
pseudoparalysie, agitation, convulsion, coma) et cardiaques
(raccourcissement du QT et du segment ST, tachycardie et HTA). Il
existe donc un risque de déshydratation, de collapsus et d’arrêt
cardiaque.
Propositions thérapeutiques [4-6]
La prise en charge des hypercalcémies chez l’enfant n’est pas
bien codifiée et s’appuie sur des données de la littérature encore
peu nombreuses. Dans notre département de pédiatrie, nous utilisons
les recommandations thérapeutiques suivantes :
En cas d’hypercalcémie totale modérée (entre 2,8 et
3,5 mmol/l) et asymptomatique, arrêt des apports en calcium et
vitamine D, début de la chimiothérapie, mise en place d’une
hyperhydratation : 3 l/m2 /j de sérum glucosé
5 % avec 3 g/l Nacl (ajout de 1,5 g/l KCl en
l’absence d’hyperkaliémie associée). Elle permet à elle seule de
corriger la plupart des hypercalcémies modérée. Surveillance du
bilan entrée-sortie. N’utiliser le Lasilix® Furosémide
(calciurétique) qu’en l’absence de déshydratation ou
après correction de celle-ci. Ce médicament est surtout utile pour
maintenir une diurèse forcée (> 70 % des apports).
En cas d’échec, associer des corticoïdes type predniso(lo)ne
(inhibiteur de l’absorption digestive du calcium, blocage de la
résorption osseuse) : 2 mg/kg/j répartis en
2 prises par jour par voie intraveineuse ou orale. L’efficacité
est lente (3 à 5 jours) et modeste et surtout efficace dans les
cancers hématopoïétiques (lymphomes, LAL).
En cas d’hypercalcémie sévère (> 3,5 mmol/l) ou
entre 3 et 3,5 mmol/l mais symptomatique, en plus des
traitements précédents, rajouter un bisphosphonate (inhibiteur de
la résorption ostéoclastique) : ce sont des médicaments
d’action lente (début en 2-3 j, maximum vers J7)
mais très efficaces et avec un effet durable
(> 1 mois). Du fait de son efficacité, il existe un
risque d’inertie avec hypocalcémie profonde nécessitant une
surveillance prolongée après l’administration du produit. Le produit
le plus utilisé en pédiatrie est l’Arédia®, acide
pamidronique (15 mg/5 ml ;
60 mg/10 ml ; 90 mg/10 ml ; pas de
comprimé). En pédiatrie, les posologies exactes ne sont pas connues
et ce médicament a été peu utilisé. Les doses utilisées vont de 0,5
à 1 mg/kg/j mais peuvent aller jusqu’à 2 mg/kg/j
(60 mg/m2) en cas d’hypercalcémie majeure
(> 4 mmol/l) avec un maximum de 90 mg/j. Une
injection IVL sur 4 heures est souvent suffisante mais peut
éventuellement être répétée une fois à H48 en cas d’échec
ou de récidive de l’hypercalcémie. Les effets secondaires pouvant
survenir sont les suivants : fièvre à J2
(20 %), réaction au point d’injection, nausées, vomissements,
céphalées, modification de la tension artérielle.
La correction d’une carence d’apports en phosphore est à éviter
en raison du risque de précipitation des cristaux
phospho-calciques.
En cas d’hypercalcémie majeure (> 5 mmol/l) ou
directement menaçante, les traitements sus-décrits seront
systématiquement associés (hyperhydratation + calcitonine +
bisphosphonate + prednisone). Le transfert vers une unité de
surveillance continue est nécessaire. La Calcitonine GNR®
(inhibiteur de la résorption osseuse et calciurétique)
(50 UI/1 ml ; 80 UI/0,8 ml) est
exceptionnellement utilisée. C’est un traitement d’action rapide
(2-3 h) mais d’efficacité temporaire (8-12 h) et
moyennement efficace. Son indication princeps est l’hypercalcémie
rapidement menaçante (> 4 mmol/l) en association avec
les bisphosphonates. Les posologies pédiatriques sont aux alentours
de 1-2 UI/kg × 4/j par voie sous-cutanée ou
intramusculaire ou 4-8 UI/kg/j en 1 IVL sur 6 h dans
500 ml de sérum physiologique.
Enfin, en cas d’hypercalcémie réfractaire, il est possible de
proposer une dialyse avec bains pauvres en calcium qui peut corriger
rapidement les taux de calcium.
Syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone
antidiurétique
L’hypersécrétion d’hormone antidiurétique (ADH) entraîne une
oligurie avec rétention d’eau. L’hypervolémie qui s’ensuit
est responsable, via la sécrétion probable d’un peptide
natriurétique, d’une perte rénale sodée. Passés les quelques
jours d’installation du syndrome, la natriurèse est le reflet des
apports. Le mécanisme de l’hyponatrémie est donc mixte, par dilution
et par déplétion. L’hyponatrémie d’installation rapide est
responsable d’une hypertonie relative intracellulaire pouvant
entraîner un oedème cérébral expliquant les signes cliniques :
asthénie, céphalées, troubles de la conscience, convulsions puis
coma. Le syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone
anti-diurétique (SIADH) est donc à suspecter devant toute
hyponatrémie dans un contexte favorisant.
En oncologie pédiatrique, les étiologies sont
multiples :
• Tumorale (stimulation directe sur la post-hypophyse ou
sécrétion ectopique) : tumeur cérébrale, lymphome.
• Toxique (mécanisme direct par métabolites ayant une
action LVP-like ou indirecte sur la post-hypophyse) :
Vincristine®, Aracytine®, Endoxan®,
Holoxan®. Il convient de rester prudent car ces
deux dernières chimiothérapies s’administrent avec une
hyperhydratation pour prévenir leur toxicité rénale et vésicale.
• Infectieuse (par action directe ou indirecte) :
encéphalite virale ou bactérienne, méningite bactérienne,
pneumopathie sévère, aspergillose pulmonaire. Biologiquement, les
critères diagnostiques du SIADH sont les suivants [7] :
natrémie < 130 mmol/l, concentration urinaire de
sodium > 40 mmol/l et densité
urinaire> 1020 malgré l’hyponatrémie, osmolarité sanguine
< 275 mOsmo/l et osmolarité urinaire
> 300 mOsmo/l, absence d’hypovolémie, d’insuffisance
rénale et d’œdème périphérique et fonction surrénalienne normale.
La mesure de l’osmolarité est plus fiable que la densité urinaire
car elle n’est pas perturbée par la présence d’une hématurie, d’une
protéinurie, de mannitol ou de produit de contraste radiologique.
L’osmolarité (sanguine ou urinaire) peut se mesurer ou se calculer
selon la formule suivante : osmolarité
(mOsm/l) = (Na + × 1,86) + glycémie
(mmol/l) + urée (mmol/l). L’osmolarité plasmatique physiologique est
entre 285 et 310 mOsm/l. L’osmolarité urinaire varie entre 50
et 1 000 mOsm/l selon l’état d’hydratation. Au cours des
SIADH, l’osmolarité urinaire est toujours plus élevée que prévu,
compte tenu de l’osmolarité plasmatique.
La difficulté est de différencier le SIADH des autres causes
d’hyponatrémie : insuffisance rénale sévère où la créatininémie
est élevée, administration excessive de diurétique ou tubulopathie,
mais il existe souvent une baisse d’autres ions (potassium,
magnésium, phosphore), intoxication à l’eau mais l’osmolarité
urinaire est basse (< 100 mOsm/l), perte sodique
digestive ou défaut d’apport (natriurèse
basse < 20 mEq/l).
En pratique
• Le traitement est la restriction hydrique d’autant plus
sévère que l’hyponatrémie est importante. Le bilan sodé des enfants
ayant un SIADH est souvent négatif : les apports de sel peuvent
être associés à une restriction hydrique. L’apport rapide de sodium
permet une évacuation de l’eau accumulée dans le système nerveux
central mais pourrait être source de myélinolyse
centropontique : l’objectif du traitement est donc de corriger
rapidement la natrémie jusqu’à un seuil protégeant des convulsions
(Na+ > 120 mmol/l), puis de la
normaliser progressivement en quelques jours
(< 0,5 mmol/l/h) [8, 9].
• Le traitement étiologique est débuté en association aux autres
thérapeutiques.
En présence de troubles de la conscience ou de convulsions
attribuables à l’hyponatrémie
• Restriction hydrique (RH) maximale : 20 ml/kg/j
associée à des apports sodés (Nacl 1,5 mmol/kg en IVL
15-30 mn puis 2 mmol/kg en 2 heures). Moduler les
apports en fonction du contrôle du ionogramme sanguin et calculer
les apports sodés à apporter selon la formule suivante en essayant
de ne pas corriger la natrémie de plus de 12 mmol/l/j :
nombre de mmol de Na+ à prescrire par
jour = poids (kg) × 0,6 × (natrémie
désirée après 24 h - natrémie mesurée actuelle) [10].
• Discuter l’emploi de Dilantin-Dihydan®
15-20 mg/kg IVL 30 mn en cas de convulsions (qui possède
en plus une action inhibitrice de la sécrétion hypophysaire
d’ADH).
• Le lasilix-Furosémide® peut être utile en cas
d’échec du traitement précédent mais à condition d’y associer
systématiquement une restriction hydrique maximale et de s’assurer
que les apports sodés sont supérieurs aux pertes urinaires (bilans
entrée-sortie hydrique et sodé stricts).
En l’absence de signes neurologiques
• Si la natrémie est < 110 mmol/l :
RH maximale avec apports sodés (Nacl 1,5 mmol/kg en IVL
15-30 mn + / – 1,5 mmol/kg en IVL sur
2 heures). Faire ensuite un contrôle du ionogramme sanguin et
calculer les apports sodés à apporter selon la formule précédente en
essayant de ne pas corriger la natrémie de plus de
12 mmol/l/j.
• Si la natrémie est entre 110-120 mmol/l : RH
maximale (20 ml/kg/j). En cas d’échec après 12 à 24 h,
rajouter du sel.
• Si la natrémie est > 120 mmol/l :
RH modérée (50-75 % des besoins de base).
• Certains médicaments sont à proscrire temporairement car
ils augmentent l’action de l’ADH : paracétamol,
Indocid®, Tégrétol®, morphine.
• Si apparaissent des troubles de la conscience en cours de
traitement, se méfier d’une correction trop rapide de
l’hyponatrémie : faire un contrôle du ionogramme sanguin et
perfuser du sérum glucosé à 5 % pur jusqu’à correction des
troubles neurologiques.
Le transfert en unité de surveillance continue est nécessaire en
cas de troubles de la conscience et convulsions,
natrémie < 110 mmol/l (indication absolue) et doit
se discuter en cas de natrémie entre 110 et 120 mmol/l
(indication relative). La surveillance portera sur les paramètres
clinico-biologiques jusqu’à disparition du SIADH, c’est-à-dire
jusqu’à l’abaissement de la densité urinaire, la disparition de
l’oligurie et la correction de la natrémie.
Hyperleucocytose maligne
L’hyperleucocytose tumorale maligne est définie par un taux de
globules blancs circulants supérieur à 100 000/mm3.
Mais les signes cliniques en rapport avec la leucostase apparaissent
pour des taux supérieurs à 200 000/mm3 au cours des
leucémies aiguës myéloblastiques (LAM), et plus de 300 000 dans
LAL et les leucémies myéloïdes chroniques (LMC). Cette complication
est retrouvée chez 9 à 13 % des enfants atteints de LAL, 5 à
22 % de ceux ayant une LAM et chez la quasi-totalité des
enfants ayant une LMC [11]. Elle entraîne une augmentation de la
viscosité sanguine responsable, au niveau cérébral, d’altérations
vasculaires et d’hémorragies. Au niveau pulmonaire, les agrégats de
cellules leucémiques s’accumulant dans les capillaires vont
provoquer une atteinte des alvéoles pulmonaires. L’hyperleucocytose
maligne peut donc être responsable du décès du patient par
hémorragie ou thrombose cérébrale, d’une détresse respiratoire par
leucostase pulmonaire ou de troubles métaboliques en rapport avec le
syndrome de lyse tumorale lié à l’importance de la blastose
sanguine.
La majorité des enfants présentant une hyperleucocytose maligne
est asymptomatique mais certains présenteront des signes cliniques à
type de céphalées, troubles visuels, gêne respiratoire avec cyanose,
troubles de la conscience ou convulsions. Des anomalies à type
d’œdème papillaire ou de distension des vaisseaux rétiniens peuvent
être constatées à l’examen du fond d’œil.
La prise en charge thérapeutique comportera, outre un traitement
étiologique précoce (corticothérapie, chimiothérapie), une
hyper-hydratation prudente en prévention du syndrome de lyse
tumorale et des transfusions plaquettaires en cas de thrombopénie
importante afin de prévenir les hémorragies cérébrales. Les
transfusions de culots globulaires sont à éviter car elles
augmentent la viscosité sanguine. En cas de symptômes sévères, des
échanges transfusionnels ou leucophérèses permettent une diminution
rapide du taux de globules blancs et une amélioration des symptômes
[12]. Cette amélioration est transitoire mais permet d’attendre
l’efficacité du traitement étiologique spécifique de
l’hémopathie.
Anomalies de la coagulation
Thromboses
Les enfants atteints d’un cancer sont exposés au risque de
thrombose. Il peut s’agir de thromboses veineuses localisées au
niveau des membres inférieurs, du pelvis, du système cave supérieur
ou des sinus veineux cérébraux, ainsi que de thromboses
artérielles.
La pathogénie des thromboses au cours des cancers est
multifactorielle :
• Il existe une hypercoagulabilité chez toutes les personnes
atteintes de cancer, quel que soit leur âge. En effet, la présence
d’une tumeur stimule, par son action sur les macrophages,
l’expression du facteur tissulaire et la libération de cytokines
procoagulantes [13]. Chez l’enfant, c’est essentiellement au cours
des leucémies et des tumeurs solides métastatiques que ces anomalies
sont constatées.
• La présence d’un cathéter central entraîne une réduction du
flux sanguin, provoque des altérations de l’endothélium vasculaire
et favorise la formation de thromboses. Elles apparaissent
rapidement après la pose du cathéter central et sont responsables au
maximum d’un syndrome cave supérieur. Une thrombose doit être
suspectée en cas de difficulté d’utilisation du cathéter (mauvais
reflux), d’apparition d’une circulation veineuse collatérale
thoracique ou d’œdème des extrémités. Cette complication reste
fréquente et peu symptomatique. Une étude rétrospective récente sur
la prévalence des thromboses du système veineux supérieur chez des
enfants atteints de cancer et porteurs d’un cathéter central depuis
6 mois ou plus montre que 50 % ont une thrombose
importante. La plupart des ces enfants étaient asymptomatiques
[14].
• Certains traitements comme la L-asparaginase et l’acide tout
trans-rétinoïque ATRA sont également pourvoyeurs de thromboses. La
L-asparaginase est largement utilisée dans le traitement des LAL et
des lymphomes T ou pré-B. Cet agent provoque une diminution de
l’antithrombine III et du plasminogène et prédispose donc au risque
de thrombose par son action pro-coagulante le plus souvent veineuse
à localisation cérébrale (figure 1).
D’autre part, elle peut induire des anomalies lipidiques
responsables de thromboses.
• Enfin, une gêne au retour veineux par une volumineuse
adénopathie ou une masse tumorale compressive favorise l’apparition
de thromboses.
• Par ailleurs, dans une large étude européenne, 67 % des
enfants atteints de LAL ayant fait une thrombose étaient porteurs de
facteurs génétiques prédisposants [15]. Ces facteurs génétiques sont
nombreux et doivent être recherchés, en particulier en cas
d’antécédents familiaux de thrombose ou d’embolie chez des
sujets jeunes : * Déficit constitutionnel en inhibiteurs
physiologiques de la coagulation et résistance à la protéine C
activée [16] :
– déficit en antithrombine III (AT III) de type I
(quantitatif) ou II (qualitatif),
– déficit en protéine C, en protéine S libre (à rechercher en
dehors de tout traitement par anti-vitamine K (AVK) et à distance de
l’épisode thrombotique),
– résistance à la protéine C activée (RPCA) : elle serait
associée à 50 % des maladies thrombo-emboliques familiales.
Quatre-vingt pour cent des sujets ayant une RPCA ont la même
anomalie moléculaire : présence du facteur V Leiden
(substitution de l’arginine 506 par une glutamine),
– autres mutations : mutation G 20210A de la prothrombine,
génotype TT 667 de la méthylène tétrahydrofolate réductase
(MTHFR),
– concentration élevée de lipoprotéine Lpa.
* Présence d’anticorps antiphospholipides,
* Dys-fibrinogénémies.
L’échographie Doppler est le moyen le plus simple pour mettre en
évidence les thromboses des membres inférieurs. Celles du système
veineux supérieur sont visibles grâce à la tomodensitométrie avec
injection de produit de contraste, de même que les thromboses
intracrâniennes. La réalisation d’une échographie cardiaque est
conseillée, en particulier avant l’ablation du cathéter afin
d’éliminer un thrombus intracardiaque ou au niveau de l’extrémité
distale du cathéter.
Aucune recommandation spécifique n’existe concernant la prise en
charge thérapeutique des thromboses chez les enfants traités pour
cancer. Une thrombolyse systémique par un activateur du plasminogène
tissulaire en cas de thrombus récent menaçant peut être indiquée. En
cas de thrombose chez un enfant devant recevoir un traitement par
L-asparaginase, le protocole de chimiothérapie doit être poursuivi
sous traitement anticoagulant. L’ablation du cathéter en cas de
thrombus associé doit être systématiquement discutée.
Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
La CIVD est un phénomène complexe correspondant à une activation
anormale de la coagulation aboutissant à l’activation
intravasculaire de la prothrombine en thrombine entraînant une
diffusion du processus de transformation du fibrinogène en fibrine,
avec consommation des facteurs de coagulation et, en réaction, une
activation du système fibrinolytique. Ceci explique l’association,
dans ce syndrome, de microthromboses à des manifestations
hémorragiques. Les signes cliniques sont rares, sauf lors des
prélèvements sanguins ou de la mise en place de cathéters centraux
qui ont alors tendance à s’obstruer immédiatement. En pratique, on
observe essentiellement des manifestations hémorragiques, liées à la
thrombopénie et au déficit en facteurs de coagulation. D’autres
thromboses peuvent se voir au niveau du cortex rénal ou au niveau
pulmonaire responsable d’un syndrome de détresse respiratoire
aiguë.
Du point de vue biologique peuvent coexister dans le
plasma :
• des signes de consommation des facteurs de
coagulation : – un allongement du temps de Quick par
diminution des facteurs II et V,
– un allongement du TCA par diminution du facteur VIII,
– une thrombopénie profonde,
– une fibrinopénie,
– une diminution possible des facteurs VII et X,
– et, plus rarement, la présence de schizocytes.
• des signes d’activation du système fibrinolytique : –
augmentation des produits de dégradation du fibrinogène et de la
fibrine,
– raccourcissement modéré du temps de lyse des euglobulines.
• et des témoins de la présence de monomères et de produits de
dégradation de la fibrine : complexes solubles et
D-dimères. Les causes les plus fréquentes de CIVD, chez les
enfants atteints de cancer, sont les infections sévères à bacille
Gram négatif. En hématologie, c’est essentiellement au cours des
leucémies aiguës de type promyélocytaire que l’on constate des CIVD
sévères. Une CIVD biologique peut également être visible au cours
des LAM de type 4 et 5 et dans les LAL hyperleucocytaires de type T
[17]. Enfin, en oncologie pédiatrique, elles ont été rapportées au
cours des neuroblastomes ou d’autres tumeurs solides comme les
rhabdomyosarcomes, habituellement à un stade métastatique.
Le traitement de la CIVD est avant tout étiologique sauf dans les
LAM 3 où la CIVD doit être corrigée avant l’instauration de la
chimiothérapie. En effet, cette dernière, en provoquant une lyse des
blastes, pourrait être responsable d’une aggravation de la CIVD.
L’introduction du traitement par l’acide tout-transrétinoïque en
début de traitement a permis d’améliorer le pronostic des LAM 3 en
permettant une différenciation des blastes et une normalisation des
concentrations en fibrinogène [18]. Le traitement de la CIVD est
différent selon la situation clinique. En l’absence de syndrome
hémorragique ou thrombotique, un traitement étiologique sera débuté
sans tarder. En présence d’un syndrome hémorragique viscéral et/ou
cutanéo-muqueux, le traitement étiologique s’associera à un
traitement symptomatique :
• correction de l’hypovolémie, de l’hypoxie et de l’acidose,
• transfusion de plasma frais congelé (PFC) surtout si le taux de
prothrombine est inférieur à 25-30 % (10 à 15 ml/kg),
• transfusions plaquettaires en cas de thrombopénie inférieure à
50 000/mm3,
• éventuelle transfusion de fibrinogène,
• perfusion d’AT III surtout si le taux d’AT III est inférieur à
60 %, en particulier dans les CIVD liées à un sepsis (dose de
charge de 40 à 100 UI/kg puis dose d’entretien de 40 à
100 UI/kg/j). L’utilisation d’anticoagulants comme
l’héparine a été largement débattue en particulier chez les sujets
ayant un syndrome hémorragique, mais aucune étude clinique n’a mis
en évidence de risque accru de complications hémorragiques lors de
son utilisation. Des études expérimentales animales ont permis de
mettre en évidence l’activité préventive de l’héparine dans les
thromboses dans les CIVD, en particulier en cas de sepsis.
Cependant, aucune étude clinique contrôlée n’a pu prouver le
bénéfice de ce traitement. Quoiqu’il en soit, il paraît licite
d’utiliser l’héparine chez les sujets ayant une CIVD avec
manifestations thrombo-emboliques importantes en association avec un
traitement étiologique.
Tumeurs thoraciques asphyxiantes
Classiquement, il s’agit de la découverte d’un élargissement du
médiastin sur la radiographie standard demandée soit à l’occasion
d’un tableau respiratoire (toux, dyspnée d’effort, orthopnée), soit
dans le bilan d’autres symptômes (adénopathies cervicales,
altération de l’état général, masse abdominale) ou de manière
systématique. Plus rarement, la tumeur peut comprimer les voies
aériennes supérieures et entraîner une dyspnée par l’atteinte ORL
(rhabdomyosarcome, lymphome amygdalien ou cervical). La gêne
respiratoire peut être liée à la compression de la tumeur sur
l’arbre trachéobronchique ou à la compression secondaires aux
épanchements (pleuraux ou péricardiques).
En cas de détresse respiratoire, le diagnostic doit être fait
rapidement pour pouvoir débuter le traitement par chimiothérapie le
plus vite possible. Ce traitement comporte fréquemment une
corticothérapie à forte dose souvent rapidement efficace sur les
signes respiratoires et les épanchements. Cette corticothérapie
administrée avant les prélèvements peut faussement négativer le
bilan d’extension initial d’un lymphome.
La grande majorité des pathologies tumorales se révélant par un
élargissement du médiastin (lymphomes T, lymphomes anaplasiques à
grandes cellules ou maladie de Hodgkin, rares tumeurs germinales)
ont un pronostic global bon (> 70 % de survie). La
conduite à tenir initiale devant un enfant ayant une masse
thoracique doit obéir à des règles de prudence simples mais
rigoureuses permettant d’éviter les accidents asphyxiques aigus,
principalement iatrogènes. L’objectif initial dans la prise en
charge de ces enfants, qu’ils présentent ou non une détresse
respiratoire, est d’arriver à obtenir un diagnostic cytologique ou
histologique sans prendre de risque important vis-à-vis de la
situation respiratoire.
Les éléments du bilan initial doivent tenir compte de plusieurs
facteurs :
• En pédiatrie, une gêne respiratoire par atteinte primitive du
parenchyme (lâcher de ballons, lymphangite métastatique) est rare.
En cas de compression de l’arbre trachéobronchique, tout médicament
modifiant la vigilance de l’enfant (N2O, benzodiazépine,
morphinique, anxiolytique) entraîne un risque majeur de
bronchospasme et de majoration de la détresse respiratoire pouvant
conduire, à l’extrême, à l’arrêt respiratoire.
• Les masses du médiastin postérieur sont rarement compressives
sur les voies respiratoires. Néanmoins, en raison des risques de
compression médullaire par les tumeurs en sablier, un examen
neurologique précis doit être fait, avec, au moindre doute, un
contrôle par une IRM de l’axe rachidien.
• La radiographie standard du thorax de face et de profil,
l’échographie thoracique et la tomodensitométrie prudente
(aucune sédation, position semi-assise respectée, surveillance
médicale) sont les examens de débrouillage pour le diagnostic,
l’évaluation du retentissement sur l’arbre respiratoire de la
compression tumorale, l’aspect des séreuses, l’état des vaisseaux
caves supérieurs. Le diagnostic est souvent orienté par
l’imagerie initiale et les examens demandés sont alors adaptés à la
suspicion diagnostique. En l’absence de franche orientation, les
examens non invasifs seront demandés de première intention :
dosage des marqueurs (tumeurs germinales malignes), scintigraphie
MIBG (neuroblastome) puis cytoponction de la masse (LMNH ou lymphome
de Burkitt), enfin biopsie tumorale (maladie de Hodgkin, lymphome
anaplasique à grandes cellules, tumeur d’Ewing ou sarcome).
Après le bilan clinique et radiologique initial, on peut donc
différencier plusieurs situations :
• Il n’existe pas (ou peu) de risque anesthésique (masse
située dans le médiastin postérieur (neuroblastome, tumeur des
gaines nerveuses), à partir de la paroi thoracique (tumeur d’Ewing,
rhabdomyosarcome ou autres tumeurs mésenchymateuses, ostéosarcome
plus rarement) et pas de signe radiologique de compression des voies
aériennes (maladie de Hodgkin) : les examens diagnostiques sont
programmés lors d’une courte anesthésie générale (AG).
• Il existe un risque anesthésique certain, en particulier
lorsque la masse thoracique s’accompagne de compression
trachéobronchique et/ou d’épanchements pleuraux ou péricardiques
compressifs (figure
2). L’objectif est de minimiser les gestes agressifs en
essayant d’obtenir le diagnostic sans recourir aux médicaments
anesthésiants et/ou sédatifs.
En pratique, si l’enfant a une adénopathie périphérique
ponctionnable (cervicale, inguinale ou axillaire) → cytoponction à
l’aiguille fine de l’adénopathie sous crème Emla®.
Sinon, s’il existe un épanchement pleural ponctionnable (de
grande abondance ou accessible par échographie) → ponction
(diagnostique et évacuatrice) de l’épanchement sous Emla®
en position semi-assise sous scope et saturomètre, si possible en
présence d’un anesthésiste/réanimateur (risque de malaise
vagal).
En l’absence d’adénopathie périphérique ou d’épanchement
ponctionnable, myélogramme sous anesthésie locale (crème
Emla® pour les plans cutanés et Xylocaïne®
1 % non adrénalinée pour le plan périosté).
Si le diagnostic n’a pu être fait par ces différents
prélèvements, une concertation doit avoir lieu entre le
pédiatre-oncologue, l’anesthésiste et le chirurgien thoracique, pour
décider de l’attitude à tenir.
En période néonatale, le neuroblastome peut s’accompagner d’une
hépatomégalie métastatique parfois majeure (stade
4S = syndrome de Pepper). Cette dernière peut être
responsable, du fait de son volume, d’une défaillance multiviscérale
(respiratoire, digestive, rénale, hépatique ou vasculaire) [19]. Les
nourrissons atteints de ce syndrome doivent être surveillés
attentivement, en service spécialisé, pour ne traiter, en raison des
possibilités de régression spontanée fréquentes à cet âge, que ceux
ayant des manifestations sévères ou une menace vitale (score de
tolérance de Philadelphie).
Urgences neurologiques
Altérations aiguës de la conscience
En oncologie pédiatrique, des troubles de la conscience pouvant
aller de la léthargie au coma aréactif, peuvent avoir des causes
diverses regroupées dans le tableau 1
[20]. Une anamnèse soigneuse ainsi qu’un examen neurologique
complet, en recherchant particulièrement les signes d’hypertension
intracrânienne ou de localisation, permettront de déterminer, le
plus souvent, l’étiologie précise. Tableau
1. Principales étiologies des troubles de la conscience
chez l’enfant en onco-hématologie
Causes
tumorales |
Tumeurs du système nerveux
central |
Métastases cérébrales ou
méningées |
Atteintes méningées des
leucémies |
Hyperleucocytose
maligne |
Causes
infectieuses |
Méningite bactérienne |
Méningite fungique |
Encéphalite virale |
Abcès cérébral |
Choc septique |
Causes
vasculaires |
Accident vasculaire
cérébral |
Hémorragie cérébrale |
CIVD |
Causes
médicamenteuses |
Chimiothérapie
cytotoxique : méthotrexate, cytosine arabinoside,
corticostéroïdes, ifosfamide, |
Médicaments de
support : benzodiazépine, narcotique, antihistaminique,
anticonvulsivant, antidépresseurs tricycliques |
Anomalies métaboliques |
Hyponatrémie, SIADH
iatrogène |
Hypoglycémie,
hyperglycémie |
Hypomagnésémie |
En pratique, on peut proposer l’attitude suivante :
• en cas de signes d’hypertension intracrânienne : –
Dexaméthasone : 1 à 2 mg/kg en IV bolus et/ou mannitol
20 % : 0,25 à 2 g/kg,
– Intubation ventilation en cas d’altération sévère de la
conscience,
– TDM cérébrale en urgence,
– Avis neurochirurgical en urgence, en cas de dilatation
ventriculaire, pour éventuelle dérivation par
ventriculocysternostomie ou dérivation ventriculaire
externe.
• en cas de suspicion d’infection : – antibiothérapie à
large spectre IV.
• en cas de toxicité neurologique médicamenteuse : –
arrêt de l’agent causal,
– Méthotrexate : carboxypeptidase G2,
– Ifosfamide : bleu de méthylène,
– Morphinique : Nalaxone-Narcan®.
Tumeur en sablier ou compression médullaire
L’existence d’une compression médullaire par une masse tumorale
est une urgence diagnostique et thérapeutique afin de réduire les
risque de séquelles neurologiques à long terme. Elle peut être le
mode de révélation d’une tumeur mais peut survenir chez un enfant en
cours de traitement. Cette complication survient dans 3 à 5 %
des cancers de l’enfant. La compression médullaire peut être liée
soit à une tumeur d’origine épidurale ou sous-arachnoïdienne, soit à
une extension de voisinage d’une tumeur de localisation
paravertébrale au travers des trous de conjugaison (tumeur en
sablier). Les types de tumeurs les plus fréquemment responsables
sont les tumeurs vertébrales d’Ewing et les neuroblastomes en
sablier, siégeant alors principalement à l’étage thoracique.
Les signes cliniques révélateurs peuvent être
insidieux :
• douleurs dorsales évoluant sur plusieurs semaines ou mois,
liées principalement à la tumeur primitive, de sorte que l’existence
de douleurs dorsales chez un enfant atteint de cancer doit faire
éliminer une compression médullaire.
• des signes de dysfonction médullaire (anomalies sensitives à
type de paresthésies des extrémités, déficit moteur plus ou moins
complet et troubles sphinctériens). Ils sont parfois difficiles à
repérer, en particulier chez le nourrisson. C’est pourquoi un examen
neurologique attentif doit être réalisé dès qu’une compression
médullaire est possible (masse cervicale, du médiastin postérieur ou
du rétropéritoine). L’anamnèse parentale avec notion d’hypomobilité
des membres inférieurs, de chutes ou de perte de la marche, trouve
là toute sa valeur. Les radiographies standard du rachis peuvent
mettre en évidence un élargissement des trous de conjugaison
associés parfois à l’existence d’une masse paravertébrale avec
calcifications ainsi que l’atteinte osseuse en cas de lésion
primitivement vertébrale. La tomodensitométrie permettra d’orienter
le diagnostic et de soupçonner l’atteinte endorachidienne en
objectivant le prolongement endocanalaire de la tumeur. L’IRM de
l’axe rachidien est l’examen de référence à réaliser en urgence pour
permettre d’apprécier l’étendue de la tumeur primitive, son
retentissement sur la moelle épinière et de guider un éventuel geste
de décompression neurochirurgical.
Du point de vue thérapeutique, deux situations peuvent être
individualisées :
• Enfant présentant un tableau de compression médullaire
d’évolution rapide avec signes neurologiques présents : –
bolus de dexaméthasone 1 à 2 mg/kg en IV suivi de la
réalisation d’une IRM médullaire en urgence, puis discussion avec
les neurochirurgiens, entre :
• une chirurgie de décompression médullaire en urgence par
laminectomie avec prélèvements tumoraux permettant une
identification histologique de la tumeur,
• une radiothérapie localisée en cas de tumeur déjà connue avec
radiosensibilité décrite,
• ou, assez souvent, une chimiothérapie à débuter en urgence.
• Enfant présentant un tableau de douleurs dorsales sans signe
neurologique : – Dexaméthasone : 0,25 à 0,5 mg/kg
per os toutes les 6 heures suivi de la réalisation d’une
IRM médullaire,
– Traitement étiologique par chimiothérapie et/ou radiothérapie.
La chimiothérapie première est particulièrement indiquée chez les
enfants présentant une compression médullaire en rapport avec une
leucémie, un lymphome, un neuroblastome ou une tumeur d’Ewing.
Le pronostic neurologique des patients présentant une tumeur avec
compression médullaire dépend de l’importance des signes
neurologiques présents au diagnostic. Les patients qui sont
ambulatoires au diagnostic le restent [21]. Alors que, chez
l’adulte, l’existence d’une paraplégie au diagnostic est quasi
définitive, chez l’enfant 50 % de ceux ayant une paraplégie au
diagnostic de la tumeur pourront retrouver la possibilité de marcher
[22].
Convulsions
Les convulsions surviennent assez fréquemment chez les enfants
atteints de cancer. Elles peuvent représenter jusqu’à 60 % des
consultations en neurologie pédiatrique [23].
Les étiologies sont diverses :
• tumorale : tumeurs du système nerveux central, métastases
cérébrales ou méningées, atteintes méningées des leucémies,
hyperleucocytose,
• médicamenteuse : toxicité intrathécale des injections de
méthotrexate et de cytosine arabinoside, du méthotrexate haute dose,
de la L-asparaginase ou du busulfan,
• irradiation du système nerveux central, radionécrose,
• infectieuse : virale, bactérienne, fungique,
parasitaire,
• métabolique : SIADH,
• accidents vasculaires cérébraux par thrombose, Les examens
paracliniques à réaliser sont :
• biologiques : dosage du ionogramme sanguin, glycémie,
calcémie, phosphorémie, urée, créatininémie, magnésémie, contrôle
des fonctions hépatiques, hémostase,
• radiologiques : TDM ou IRM permettant de rechercher un
processus expansif intracérébral, une hémorragie, des images en
faveur d’une toxicité médicamenteuse,
• ponction lombaire avec analyse biochimique, cytologique,
bactériologique et virale du LCR après avoir éliminé l’existence
d’une masse cérébrale avec possibilité d’engagement,
• électroencéphalogramme. Les convulsions sont le plus souvent
transitoires mais peuvent parfois se prolonger, nécessitant alors
une prise en charge thérapeutique en urgence. Une bonne
hémodynamique et oxygénation doivent être assurées. Les désordres
métaboliques doivent être corrigés en même temps qu’un traitement
anti-convulsif est instauré [24].
En pratique :
• en première intention : benzodiazépines de type diazepam
(Valium®) : 0,2 à 0,5 mg/kg (max 10 mg) en
IVL sur 20-30 mn ou 0,2 à 0,5 mg/kg (max 30 mg) en
intrarectal. Après administration de Valium® en
intrarectal, un relais par clonazepam (Rivotril®) IV peut
être pris à la dose de 0,05 à 0,1 mg/kg/j,
• en cas de persistance des convulsions : phénytoine
(Dilantin®) : 10 à 20 mg/kg en IV bolus puis 1
à 2 mg/kg/mn en IV continue. Le phénobarbital
(Gardénal®) peut également être utilisé à la dose de 10 à
20 mg/kg en IV bolus puis 1 mg/kg/mn,
• traitement étiologique.
Urgences chirurgicales
Urgences orthopédiques
Les fractures pathologiques sont en rapport le plus souvent, chez
l’enfant, avec une tumeur osseuse primitive (ostéosarcome, tumeur
d’Ewing) et nécessitent une prise en charge antalgique et
orthopédique en urgence. Néanmoins, une fracture pathologique peut
se voir en cas de neuroblastome évolué avec métastases
ostéo-médullaires. La morbidité associée à ces fractures est liée à
l’immobilisation qu’elles entraînent : troubles trophiques
cutanés, complications infectieuses pulmonaires ou urinaires. Le but
du traitement va être de soulager la douleur par une immobilisation
plâtrée et un traitement antalgique, ainsi que de retrouver le plus
rapidement possible une certaine mobilité. La mise en place de
matériel chirurgical est à proscrire en cas de tumeur primitivement
osseuse en raison du risque de dissémination de la maladie au niveau
des tissus mous. Les immobilisations externes (attelles, traction)
sont à favoriser autant que faire se peut. La présence d’une
fracture pathologique dans un ostéosarcome était considérée comme un
élément de mauvais pronostic. Dans une étude récente, il a été
montré que les patients avec un ostéosarcome et une fracture
pathologique au diagnostic ou en cours de chimiothérapie
néoadjuvante ont un risque plus élevé de rechute locale et un taux
de survie plus faible que les patients ne présentant pas ce type de
complications. Cependant, une attitude chirurgicale conservatrice du
membre chez des patients sélectionnés ne paraît pas augmenter le
risque de rechute locale et de décès [25].
Urgences viscérales
Rupture tumorale de néphroblastome
Le néphroblastome est une tumeur fragile qui peut se rompre en
cas de traumatisme même minime. Deux situations doivent être
individualisées :
• Découverte d’une tumeur rénale au cours d’une laparotomie
réalisée en urgence pour des douleurs abdominales avec syndrome
occlusif : si la tumeur est effectivement rompue dans le
péritoine, il faut d’abord procéder au prélèvement du liquide
péritonéal pour examen cytologique puis effectuer une
urétéro-néphrectomie totale élargie et repérer par des clips en
titane les zones contaminées par du tissu tumoral. Un examen
anatomopathologique de la pièce opératoire doit être rapidement
réalisé et l’enfant confié à une équipe d’oncologie pédiatrique.
• Chirurgie en urgence d’une tumeur rénale connue : Cette
éventualité devrait être rare. Dans la revue des enfants enregistrés
pour un néphroblastome unilatéral non métastatique du protocole SIOP
9, 24 enfants sur 720, soit 3 % des patients, ont été
opérés en urgence pour les indications suivantes : rupture
tumorale, progression tumorale avec douleurs sévères, occlusion ou
autres indications. Bien que 17 de ces 24 patients aient une
tumeur de stade III (exérèse microscopiquement incomplète ou
envahissement ganglionnaire), 22 ont pu être mis en rémission
complète prolongée par une association chimiothérapie-radiothérapie
[26].
Syndrome occlusif
Un syndrome occlusif digestif est rare au diagnostic d’une
tumeur, excepté dans les lymphomes de Burkitt qui peuvent se révéler
par une invagination intestinale aiguë ou une compression digestive
en rapport avec l’atteinte mésentérique. En dehors de ces
situations, la chimiothérapie débutée en urgence, dès confirmation
du diagnostic et après bilan d’extension, permettra le plus souvent
de lever l’occlusion et de surseoir à une résection étendue de
l’intestin. En cas de découverte per-opératoire d’une tumeur
responsable d’un syndrome occlusif, il est préférable de ne faire
qu’une simple biopsie de la lésion responsable et d’attendre les
résultats anatomopathologiques plutôt que de tenter une exérèse
large d’emblée, souvent très délabrante. Cette exérèse pourra
éventuellement être secondairement proposée au besoin après
réduction tumorale par la chimiothérapie.
En revanche, les occlusions en cours de traitement sont plus
fréquentes. On distingue deux situations :
• les occlusions organiques : occlusions sur bride chez un
enfant déjà opéré, occlusions en rapport avec une compression locale
(tumeur desmoplastique, rhabdomyosarcome, carcinose péritonéale),
tumeurs pelviennes étendues (tumeurs germinales malignes),
• les occlusions fonctionnelles (iléus paralytique) secondaires
aux morphiniques ou aux vincalcaloïdes (Oncovin®,
Velbé®). Des examens complémentaires, en particulier
l’échographie abdominale, permettent de faire le diagnostic
différentiel entre ces deux types d’occlusions.
En pratique, le traitement comprend :
• une mise au repos digestif avec pose d’une sonde nasogastrique
en cas de vomissements,
• un régime diététique avec médicaments laxatifs, voire lavements
évacuateurs en cas d’occlusion fonctionnelle,
• l’intervention chirurgicale est à discuter en cas d’obstruction
organique ne pouvant être rapidement levée par un traitement
médical.
Obstructions urinaires
Les tumeurs pelviennes, comme les sarcomes rétro-péritonéaux ou
vésico-prostatiques, les lymphomes ovariens, les tumeurs germinales
malignes, les neuroblastomes, peuvent entraîner une compression
voire une obstruction des voies urinaires basses et être
responsables d’une oligurie ou anurie. Le dosage de la créatininémie
permet d’apprécier le retentissement de cette obstruction sur la
fonction rénale. Une exploration par échographie ou TDM permettra de
localiser l’obstruction et de proposer un geste thérapeutique
symptomatique à type de pose de sonde JJ par voie endoscopique ou de
pyélostomie transcutanée. Le traitement spécifique de la tumeur par
chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie permettra
secondairement de lever l’obstruction de façon définitive.
Pneumothorax ou pneumomédiastin
Ces deux complications sont rares au diagnostic d’une tumeur.
Cependant, certaines causes sont favorisantes comme les vomissements
induits par la chimiothérapie, une perforation oesophagienne
traumatique par une sonde nasogastrique, une fibrose pulmonaire
secondaire à la radiothérapie ou à un traitement par bléomycine, une
histiocytose de localisation pulmonaire ou encore des métastases
pulmonaires d’ostéosarcome. Néanmoins, la cause la plus habituelle
est iatrogène lors de la mise en place d’un cathéter central.
Parfois, les enfants sont asymptomatiques et le diagnostic sera
effectué sur une radiographie de thorax demandée pour une autre
raison. Le diagnostic de pneumothorax et de pneumo-médiastin se fait
sur une simple radiographie mais la réalisation d’une TDM permettra
d’en déterminer précisément la cause.
En pratique, le traitement comporte :
• une oxygénothérapie, parfois suffisante en cas de petit
pneumothorax,
• une exsufflation à l’aiguille en cas de pneumothorax ou
pneumomédiastin suffocant suivi de la pose d’un drain thoracique
• une symphyse pleurale mécanique ou chimique peut être discutée
en cas de pneumothorax récidivant,
• le traitement de la cause est souvent nécessaire.
Hypertension artérielle et cancer
Relativement rare en pédiatrie en dehors des pathologies rénales,
l’hypertension artérielle (HTA) est assez fréquente en oncologie
pédiatrique et concerne spécifiquement quelques tumeurs comme les
néphroblastomes, le neuroblastome, les tumeurs abdominales
s’accompagnant d’une compression du pédicule vasculaire rénal, les
phéochromocytomes et les tumeurs cérébrales dans le cadre d’un
tableau d’hypertension intracrânienne (HIC). La prise en charge de
cette HTA parfois menaçante passe par le traitement de la cause
(chimiothérapie initiale en cas de néphroblastome ou de
neuroblastome, dérivation ventriculaire en cas d’HIC), mais un
traitement symptomatique antihypertenseur est nécessaire en cas
d’HTA « confirmée » ou « menaçante » en
attendant l’efficacité des traitements spécifiques. Les mécanismes
de cette HTA peuvent être mixtes en cas de tumeurs
abdominales : sécrétion de rénine liée à la compression du
pédicule rénal et hypersécrétion de catécholamines en cas de tumeur
neurogène (neuroblastome, phéochromocytome). Un traitement
spécifique est nécessaire en cas d’HTA « confirmée » (PAS
et/ou PAD > 97,5ième
p + 10 mmHg) [27]. Les médicaments les plus utilisés
en pédiatrie sont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion IEC
(Enalapril-Rénitec®) et les inhibiteurs calciques
(Nifedipine-Adalate®). Ces traitements seront débutés en
milieu hospitalier en se méfiant des sensibilités individuelles
(risque d’hypotension à l’instauration du traitement) [28]. Il
semble raisonnable de surveiller régulièrement la vascularisation
rénale par échographie-Doppler lors de l’instauration des IEC en cas
de compression ou d’étirement du pédicule vasculaire rénal (risque
d’hypo-perfusion rénale).
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